Tuer la passion serait-il un défi de nos institutions?
La passion d’une profession, la passion d’être utile et de combattre un idéal. En l’occurence, l’idéal d’une certaine justice sociale, pour laquelle, certains combattent chaque jour, dans des conditions parfois difficiles.
Lutter contre cette image de professionnels nantis, véhiculée par un petit nombre, fait partie du combat.
Lutter contre l’idée que certaines professions s’attachent à un statut qui serait dépassé.
Les institutions veulent le silence: ne plus entendre plaider, que personne ne s’ exprime et qu’ainsi, le justiciable, le consommateur, le conjoint battu, trompé, humilié, l’assuré non indemnisé se contente du peu de considération qu’on lui témoigne.
Que tout le monde se taise…face aux » aux plus forts » qui seraient détenteurs d’un certain monopole du pouvoir.
Que ce monde de rebelles se reconvertisse en mettant son esprit en veille, qu’il renonce: la réforme annoncée des retraites est un nouveau moyen de tuer la passion qui les anime.
Le Ministre Jean-Paul DELEVOYE a récemment rappelé publiquement devant notre Bâtonnier qui nous a donné quelques extraits de son discours:
« Ce n’est pas une réforme, mais un enjeu de société, il nous faut apporter des réponses pour notre démocratie et limiter les angoisses… l’intelligence artificielle va raréfier certains emplois et risque de fragmenter notre société… il nous faut nous rassembler. L’avenir de certaines professions n’est pas consolidé, il faut bâtir autre chose… au nom de quoi si j’ai un statut je suis différent des autres, certaines professions ont eu un statut protecteur, cela a conduit à l’immobilisme de ces professions qui ne correspondent plus au besoin de la société »
Et enfin: « lorsqu’une femme attend un enfant pendant huit mois, elle peut accoucher en quelques minutes..nous avons déjà longuement débattu et on fera le texte en trois mois ».
Le texte doit être voté avant juillet 2020.
Plutôt déconcertant quand l’on sait que l’on souhaite dans les procédures , avant tout nous amener à la médiation par l’échange et la discussion.
Il y aurait tant d’autres régimes privilégiés à modifier…
L’individu n’aurait plus que peu d’espace pour exister: il doit se fondre, accepter, patienter, renoncer.
L’individu passionné avec un esprit en éveil a le droit d’exister et de ne pas être « broyé », même si cela déplait.
Et l’avocat doit inspirer le sentiment de liberté et de justice à chacun et ne pas être méprisé…
Et s’il dérange: tant mieux!Qu’il poursuive cette quête au service du justiciable.
Sylvie LHERMIE